Michel Tousignant |
30 avril 2009
Jean-Sébastien Dubé, Service de soutien à la formation
L'École de réadaptation de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, c'est un nouveau domaine d'études et de nouveaux locaux au pavillon Gérald-Lasalle, mais ce sont aussi deux nouveaux programmes très audacieux et, bien sûr, des formateurs qui les développent. Rencontre avec Louisette Mercier et Michel Tousignant, directeurs de ces programmes et membres d'une équipe exceptionnelle qui transforme la manière dont on enseigne l'ergothérapie et la physiothérapie.
Selon Sylvie Mathieu, conseillère pédagogique au Service de soutien à la formation, il faut voir que ces programmes sont novateurs de multiples façons. «Ils comptent plusieurs innovations pédagogiques. Cela représente un accomplissement colossal pour une petite équipe», dit-elle.
D'abord, il s'agit de programmes intégrant le baccalauréat et la maîtrise sur une durée de quatre ans. Cela signifie qu'après la phase d'intégration clinique de la dernière année du programme, le diplôme obtenu mènera à la pratique.
Ensuite, ces programmes s'inscrivent résolument dans une approche par compétences. Dans le but de «former de futurs professionnels qui se sentent compétents», l'équipe professorale a consulté praticiens et ordres professionnels afin de déterminer neuf compétences communes, autour desquelles les programmes ont été articulés. Cours, tutoriels, stages, activités d'intégration et de recherche constituent donc une véritable trajectoire de développement de ces compétences sur quatre ans.
«Chaque année, les étudiantes et étudiants doivent se situer par rapport aux compétences attendues au moyen d'autoévaluations discutées avec un mentor, explique Louisette Mercier. Cela permet à l'étudiant de suivre à la trace sa progression vis-à-vis des compétences du programme et de recevoir de la rétroaction.»
Par ailleurs, la formation fait appel à des méthodes pédagogiques favorisant l'apprentissage en profondeur. Qu'il s'agisse de l'apprentissage par problèmes, de l'apprentissage au raisonnement clinique ou de laboratoires d'habiletés cliniques, les étudiantes et étudiants sont mis en situations où ils doivent construire leurs connaissances et développer leurs habiletés, ce qui favorise une intégration durable des savoirs.
Enfin, la structure conjointe entre les deux programmes a pour but de valoriser l'interdisciplinarité, et ce dès la première année d'étude. «Ce n'est pas un tronc commun, précise Louisette Mercier. Les étudiants sont inscrits dès le départ soit en ergo, soit en physiothérapie. Certains cours théoriques sont communs et, lors des séances d'habiletés cliniques, des équipes mixtes discutent ensemble d'un même cas, avec différents regards disciplinaires. Dès la deuxième année, les équipes doivent élaborer des plans d'intervention conjoints, avec des plans disciplinaires en parallèle.»
Michel Tousignant va dans le même sens : «La collaboration interprofessionnelle, il ne faut pas en parler, il faut en faire.»
Louisette Mercier |
Lorsqu'on leur demande quelles conditions gagnantes doivent être mises en place pour favoriser le succès d'innovations pédagogiques de cette envergure, Louisette Mercier et Michel Tousignant dégagent de leur expérience certains facteurs clés.
Premier élément important, le développement de tels programmes doit bénéficier d'un appui fort des diverses instances facultaires. Ainsi, l'équipe d'ergo-physio a pu compter sur le soutien du doyen Réjean Hébert et de son équipe, ainsi que sur celui de Johanne Desrosiers à titre de directrice de l'École de réadaptation, et maintenant comme vice-doyenne à la réadaptation.
Autre ingrédient fondamental, la cohésion des membres de l'équipe est essentielle pour donner son impulsion au projet. À partir d'un petit noyau de personnes convaincues s'effectue tout un travail de contamination positive. Louisette Mercier explique : «Très tôt, nous nous sommes entendus sur une orientation par compétences et nous avons communiqué cette volonté à nos divers partenaires.»
D'ailleurs, cette communication tous azimuts des particularités de leurs programmes a également constitué un gage de succès pour cette équipe. «Par exemple, il a fallu expliquer aux milieux de stages comment nos étudiants apprennent, puisqu'ils sont différents de ceux des autres institutions», raconte Michel Tousignant. Des rencontres similaires ont également eu lieu avec les étudiants, les tuteurs, etc.
Finalement, les deux professeurs sont unanimes à reconnaître l'apport du Service de soutien à la formation qui, selon Louisette Mercier, a offert une trame d'expertises qui leur était essentielle. «Il nous ont aidés à mettre des mots sur ce que nous voulions faire, renchérit Michel Tousignant. Cela nous a permis d'accrocher nos cours ensemble afin de parvenir à une plus grande cohérence.»
Et c'est dans ce souci d'une cohérence toujours plus grande que cette équipe dynamique a demandé et obtenu le soutien du Programme d'innovation à la formation de l'UdeS pour la mise en œuvre de situations d'apprentissage et de parcours de professionnalisation basé sur une approche «agir avec compétence» dans leurs programmes. L'équipe pourra donc bénéficier du soutien d'une ressource surnuméraire, notamment pour la mise en œuvre des phases 3 et 4 des programmes ainsi que pour le développement d'une démarche d'amélioration continue.
La perspective de faire de leurs programmes de véritables parcours de professionnalisation constitue une «nouvelle lunette» pour Louisette Mercier. Ces programmes se présentent déjà comme des cheminements incluant des moments d'acquisition de connaissances, de pratique et de réflexion. Le fait de passer des compétences à des situations professionnelles types leur apparaît comme un défi stimulant. Gageons qu'ils le relèveront aussi...
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